Les Drones, un marché qui s'envolera jusqu'où ?

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C'est une révolution auquel on ne s'attendait pas forcément, malgré quelques ratés, le marché des drones en pleine expansion, constitue une nouvelle source d'innovation et de croissance économique.

En 1994, Jeff Bezos créait Amazon, futur leader mondial de l'e-commerce, presque dix ans plus tard, le PDG, faisait la Une des médias en présentant Amazon Prime Air, une solution de livraison par drones que le géant de la distribution en ligne annonçait lancer d'ici 3 ou 4 ans. Le 19 mars 2015 Amazon a obtenu, de la part de l'agence fédérale d'aviation (FAA) chargée des réglementations et des contrôles concernant l’aviation civile, une licence expérimentale pour tester des vols de drones aux Etats-Unis en condition de livraison de colis aux clients, pour le moment, réservés à des zones rurales privées de l'Etat de Washington et selon un plan de vol très précis.

Compte tenu de l'actualité récente internationale : multiplication des survols illégaux de drones au-dessus des centrales nucléaires françaises, plus de 200 vols de drones non identifiés à proximité d'avions aux Etats-Unis... Par jeu ou pour provoquer ? Il est vrai, que ces chiffres sont encore éloignés des milliers d'agressions de pilotes de ligne avec de simples lasers de poche. Et autant d'inquiétudes. Sans relancer le débat, on peut donc s'étonner, d'une telle décision de la FAA, qui a du réfléchir à deux fois à la question de savoir, si, oui ou non, on peut laisser voler des drones en toute sécurité pour le public, dans l'espace aérien américain. Mais, qui tarde aussi à assouplir les restrictions réglementaires américaines, qui exigeraient un vol de jour, à une altitude maximum de 61 mètres, avec un drone commercial qui reste dans le champ de vision du pilote. Peu pratique, surtout pour livrer des colis en agglomération. Et, des conditions de livraison jugées très restrictives par le géant du commerce en ligne qui testerait actuellement son service de livraison de drones à l'extérieur des Etats-Unis, sur un site secret au Canada, rapporte The Guardian.

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La Poste expérimente l'utilisation d'un drone pour la livraison.

Amazon est donc la seconde entreprise américaine après CNN, à obtenir une licence expérimentale de ce genre. On peut imaginer que d'autres entreprises suivront et pourront obtenir cette licence à leur tour, car, nombreuses sont les entreprises qui souhaitent anticiper le marché des drones commerciaux, ou se positionnent déjà avec succès au coeur de cette filière émergente des drones civils. Aux Etats-Unis, le marché devrait représenter 73 Mds€ de CA d'ici dix ans. En France, le marché des drones civils devrait se multiplier par 3 d'ici deux ans passant de 100 M€ de CA à plus de 300 M€.

Ces applications sont diverses dans les secteurs de l'agriculture, de l'environnement, du BTP et de l'industrie, notamment, pour l'inspection des ouvrages d'art ou des réseaux électriques, la captation de mesures et de données dans le domaine agricole, ou encore la prévention et la lutte contre les feux de forêts. Au delà de la construction et de la conception de drones avec des matériaux haut de gamme tel que le carbone, se dessine un vaste marché des applications et du software pour effectuer des missions variées avec caméras, instruments de mesure et capteurs de toutes sortes à embarquer. Le marché professionnel du drone civil se révèle avoir un fort potentiel de croissance sur le marché mondial. Et les PME françaises ne sont pas en reste avec quelques fleurons, citons en région parisienne Infotron avec un drone de type hélicoptère, le bordelais Fly-n-Sense, le toulousain Delair-tech, ou encore le poitevin Airinov, pionnier et exportateur du drone agricole.

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La Poste expérimente l'utilisation d'un drone pour la livraison.

Un bon filon, certainement. Une question demeure toutefois : peut-on avoir le même niveau de confiance sur le marché B2C ? Autrement dit, existe-il un risque de potentiel accident à livrer des particuliers avec des drones commerciaux ? Aujourd'hui, un drone est capable d'emporter des colis de 4 kg assez gros, avec un rayon d'action d'une vingtaine de kilomètres. Un drone n'est pas comme un avion, indétournable à distance, certains drones du marché grand public sont mêmes pilotables avec un simple smartphone. En France, la réglementation actuelle n'autorise pas le vol de drone au-dessus des zones habitées, il n'est donc pas question pour le moment, de voir des drones apporter des colis ou le courrier à votre domicile. Mais de nombreuses expérimentations sont en cours par les grandes entreprises, c'est le cas du Geodrone testé avec succès par GeoPost, la filiale Express internationale du Groupe la Poste, rejoignant ainsi d'autres entreprises comme le le drone octocoptère d'Amazon capable de livrer des colis d'un poids maximum de 2,3 kg dans un rayon de 16 km, ou également le ParcelCopter de DHL.

Pour autant, si l'on doit interdire son utilisation pour des opérations courantes de livraisons à un large public, la capacité de ces engins à intervenir rapidement, par tous les temps et sur tous les terrains, peut-être d'une aide précieuse en situation d'urgence et de catastrophe, notamment pour planter des millions d'arbres, faire des recherches de victimes et apporter des médicaments dans les régions isolées ou peu peuplées. Sur le Vieux Continent, la France est le premier pays à avoir franchi le pas en avril 2012, et permis l'émergence de cette technologie avec une réglementation qui autorise, sous certaines autorisations éventuelles requises, le vol des drones civils à moins de 150 mètres d'altitude au-dessus de zones non peuplées, et hors vue directe du pilote.

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Le Mont St Michel en Drone au plus près de l'abbaye et l'Archange

Les perspectives sont prometteuses et s'orientent vers le secteur populaire de la production des mini-drones de loisir (100 000 ont été achetés en 2014) avec des modèles légers (Parot) affichant une bonne autonomie et les drones civils de la construction à l'exploitation et la distribution de cette technologie. Cette filière de haute technologie est d'ailleurs intégrée dans l'un des 34 plans (La Cité de l'Objet Connecté) qui composent la "Nouvelle France industrielle", et ses activités se développent sur les trois pôles de compétitivité français (Pégase, Astech et Aérospace Vallay), qui réunissent des majors de l'industrie aéronautique et spatiale.

Patrick Dudouit


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