Lévriers Galgos Histoire d'un destin

De la nuit des temps à nos jours ! Le destin tragique des Galgos

Compagnon de l'homme depuis la nuit des temps, c'est à l'archéologie que l'on doit la preuve de l'existence du lévrier domestiqué dès le début du IVe millénaire avant J-C. Et cela grâce à la découverte dans une civilisation urbaine d'un lévrier d'Asie qui porte déjà à cette époque un collier. Ce long chemin d'histoire des lévriers à nos côtés, renforce sans doute son affection pour l'humain avec ce regard si doux et résigné à notre égard. Cet humain qui ces derniers siècles, a tant fait souffrir certaines races de lévriers.

Le Galgo est le prolongement du lévrier d'Asie introduit en Occident par les hordes Celtes qui envahirent le Sud de l'Europe 500 ans avant notre ère. Son cousin, le lévrier Podenco au destin similaire, issue du type Afrique, était un chien courant vénéré par les Egyptiens. Il a sans doute aussi contribué à l'évolution du lévrier Galgo espagnol. Des milliers d'années ont passé. Au moyen Age ces deux races appartenaient aussi bien aux paysans qu'aux nobles mais étaient adulées et respectées. Il existait même des lois qui punissaient ceux qui les volaient ou les tuaient. Il deviendra le chien de chasse préféré des Grands d'Espagne. En 1526, le roi de France François 1er, en captivité à Madrid depuis sa capture à Pavie, reçu en cadeau de la part de Charles Quint un lévrier Galgo pour compagnon de captivité. Il fut largement exporté dans d'autre pays en Europe au cours des XVIe, XVIIe, et XIIIe siècles.

Pourquoi la situation a-t-elle changée ?

Le nom Galgo signifie lévrier en Espagnol, c'est dire s'il a été nationalisé avant d'être croisé avec le lévrier anglais Greyhound (son frère de misère), dans le but d'obtenir un type encore plus rapide. Dès 1912, et pendant quatre décennies, un millier de Greyhounds ont été importés en Espagne pour croiser des Galgos avec des Greyhounds. Le but était de constituer des élevages de coursing pour la pousuite à vue sur leurre. Cette évolution n'a guère modifié ses particularités asiatiques mais a renforcé sa résistance et son adaptation aux différents terrains de plaines et de steppes propices à la chasse. Par la suite, les éleveurs ont orienté leur sélection "anglo-espagnole" de manière à revenir au plus près du type originel, dit le galgo traditionnel espagnol.

Les chasseurs espagnols utilisent depuis longtemps ses performances, son intelligence et sa résistance pour la chasse traditionnelle aux lièvres qui se pratique sans fusils. Cette chasse avec l'aide des lévriers est interdite en Europe et en France depuis la loi du 3 mai 1844 qui les considérent comme des animaux de compagnie. Victimes d'une tradition, le galgos comme son cousin le podenco, sont considérés comme un outil de travail dans leur pays d'origine. Vivant souvent dans des enclos bunkérisés, mal nourris et maltraités, les galgos sont condamnés à se reproduire en masse pour sortir du lot les meilleurs courseurs. Dès leur plus jeune âge les lévriers doivent suivre un entrainement physique très dur pour devenir des champions à la chasse et gagner des paris. Le pire reste à venir car leur durée de vie utile de compétiteur est très courte, moins de 3 ans. Si quelques jeunes ressortent du lot, les laisser pour compte, trop vieux, malades, blessés ou moins performants deviennent inutiles.

Au nom d'une coutume des plus barbares, les vieux dictons s'enchainent comme dans un sombre livre d'histoire: "lièvre qui part est pris en chasse par le lévrier", mais "celui qui ne l'attrape pas a déshonoré son maître et doit laver son honneur par son sang." Les Galgos, victimes de certains hommes, sont donc livrées à leur sort lorsqu'ils ne sont plus performants ou qu'une course est perdue. Chaque année avec la reproduction excessive et la fin de saison de chasse, plusieurs milliers d'entre eux sont rejetés comme des outils qu'il faut rentabiliser, au mieux abandonnés dans un refuge, pour d'autres volés, fuyants ou errants squelettiques au bord des routes quand ils ne sont pas renversés par une voiture. Pour sauver ces êtres terrorisés et les soigner, les protecteurs espagnols doivent les capturer ce qui peut prendre des heures, souvent la nuit, et parfois après plusieurs semaines de traque et de mise en confiance. Mais combien seront sauvés comme Lauren rescapé de l'enfer qui restera à jamais le symbole de ce qu'endurent des milliers de lévriers galgos (Attention images difficiles) .

La situation s'est-elle améliorée en 2019 ?

Même si peu à peu les choses changent, de nos jours peu de personnes encore connaissent l'histoire du destin tragique réservé à ces lévriers. Avec chaque année le même constat, les refuges espagnols sont saturés. Ils manquent de croquettes, couvertures, polaires, médicaments, panières, vermifuges, anti parasites... La Fondation Benjamin Mehnert qui chaque année reçoit plus de 600 lévriers, et en soigne des centaines grâce à sa clinique, ne désemplit pas. Ils font des miracles. Mais cette année 2019 est pire encore, ils sont au nombre de 500 environ en juin, à cause de la chasse interdite suite à une épidémie de myxomatose. Nombre de refuges et de bénévoles en Espagne réalisent un travail formidable en partenariat avec des associations françaises ou internationales pour en sauver autant qu'ils peuvent, mais malheureusement beaucoup meurent avant. Car, pour ceux abandonnés dans la nature, peu d'entre eux auront la chance d'être signalés ou répérés par des protecteurs espagnols, tandis que d'autres finiront dans les perreras de la mort. Enfin, il y en tant à soigner et à récupérer que l'on ne peut pas s'empêcher de penser à tous ceux qui ne sortiront jamais du refuge, car tous n'auront pas cette chance d'être adoptés. Les Galgos, Podencos... sont placés en Hollande, en Belgique,en Italie, en Allemagne et en France.

 

Alors donnons leur une autre vie, adoptons-les!

 

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